Le sournois visage du fascisme

Essai
Alors que nous vivons une crise politique sans précédent, que certains sont tentés par la peste d’extrême droite, il faut lire le brillant essai de Umberto Eco, Reconnaître le fascisme(*), un discours qu’il prononça en avril 1995 pour les cinquante ans de la libération de l’Europe à l’université de Columbia. Des propos simples, mais toujours d’actualité et qui ont, aujourd’hui, une particulière résonance.

Quand il lit ce texte à l’université de Columbia, le 25 avril 1995 – il paraît dans un volume d’essais deux ans plus tard (Cinq questions de morale) – Umberto Eco part de son parcours personnel, de ses souvenirs d’enfance dans l’Italie mussolinienne pour en tirer un enseignement plus général sur l’hydre fasciste. Non sans ironie, l’écrivain se souvient comment il avait même remporté, à l’âge de 10 ans, un prix pour une dissertation sur « Faut-il mourir pour la gloire de Mussolini et le destin immortel de l’Italie ? » Il écrit même : « Ma réponse était affirmative. J’étais un petit garçon très éveillé. » Un an plus tard, il découvrira le sens du mot « Liberté« …

À partir de là, Umberto Eco va, d’une écriture simple et ne se drapant derrière aucune coquetterie de style, établir une une « liste de caractéristiques typiques » de ce qu’il appelle « l’Ur-fascisme c’est-à-dire le fascisme primitif et éternel ». Par des exemples directs, il montre comment cette idéologie trace son chemin dans nos démocraties. Et de noter : « Ce serait tellement plus confortable si quelqu’un s’avançait sur la scène du monde pour dire : « Je veux rouvrir Auschwitz, je veux que les chemises noires reviennent parader dans les rues italiennes ! » Hélas, la vie n’est pas aussi simple. »

Laisser un commentaire

close-alt close collapse comment ellipsis expand gallery heart lock menu next pinned previous reply search share star