Confronté à son passé…

Roman

Dans Le Silence des pères, Rachid Benzine fait resurgir le passé d’un fils devenu pianiste célèbre et qui apprend le décès d’un père immigré avec lequel les ponts avaient été coupés. Émouvant et juste, malgré quelques invraisemblances.

Le Silence des pères commence par un décès. Un fils apprend au téléphone le décès de son père. Ils s’étaient éloignés : un malentendu, des drames puis des non-dits, et la distance désormais infranchissable. Maintenant que l’absence a remplacé le silence, le fils revient à Trappes, le quartier de son enfance, pour veiller avec ses sœurs la dépouille du défunt et trier ses affaires. Tandis qu’il débarrasse l’appartement, il découvre, cachée, une enveloppe épaisse contenant quantité de cassettes audio, chacune datée et portant un nom de lieu. Il en écoute une et entend la voix de son père qui s’adresse à son propre père resté au Maroc… Le début d’une longue quête.

À travers ce témoignage, Rachid Benzine fait revivre un pan de l’histoire de l’immigration en France : il y évoque aussi bien le nord de l’Hexagone, les mines de charbon des Trente Glorieuses, les usines d’Aubervilliers et de Besançon que les maraîchages et les camps de harkis en Camargue. Et petit à petit, ce fils devenu un pianiste virtuose demandé sur les scènes du monde entier découvre pourquoi le silence s’est établi avec ce père laborieux. Un père dont il découvre l’histoire personnelle, intime aussi lorsqu’il apprend son amour pour une Française catholique, ce que son grand-père n’a pas accepté provoquant la séparation du couple. Et le narrateur de noter : « Je ne sais pas comment mon père a reçu la réponse de mon grand-père. Ni en quels termes elle lui a été signifiée. Ce que je sais, c’est que nous sommes les enfants de ce refus. De l’acceptation de mon père des ordres de son propre père. Sur tout cela, il avait gardé le silence toute sa vie. L’année suivante, il se mariait avec ma mère. Et il allait rejoindre la vie classique de bien d’autres immigrés, faisant presque tout le reste de sa carrière dans le bâtiment, où ses patrons seraient contents de son travail. Il allait rentrer dans le rang. »

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