Marseille et le règne du Airbnb

Essai
Après les bidonvilles de Nanterre, Victor Collet s’est installé à Marseille pour étudier la reconversion de taudis en Airbnb au cœur même de la cité phocéenne. Une étude construite sur une mosaïque de témoignages et un décryptage précis de l’actualité à découvrir dans Du taudis au Airbnb (*).

Tout commence par un drame. Tout commence en novembre 2018, à Marseille, rue d’Aubagne. Deux immeubles s’effrondrent sur leurs habitants : huit morts, une ville traumatisée, une mairie qui fuit toute responsabilité. Triple effondrements : physique, moral, politique. Pourtant, la catastrophe était prévisible, presque annoncée, tant la gestion urbanistique de la deuxième ville de France dysfonctionne depuis trop longtemps. Connue pour ses marchands de sommeil, qui exploitent sans vergogne le besoin de logement des plus précaires en louant à des prix exhorbitants des bâtiments indignes, Marseille est désormais en proie à une frénésie de la rénovation. Détruire puis reconstruire pour rendre la métropole enfin attractive et rentable : l’occasion est trop belle de déplacer les populations pauvres et issues de l’immigration du centre-ville, au gré des mises en péril, plus ou moins légitimes…

Dans Du taudis au Airbnb, Victor Collet a déménage après dix ans passés à Nanterre, des luttes de quartier à la défense des étrangers et auprès des habitants des bidonvilles d’aujourd’hui. Pour autant, il continue à creuser un sillon en tentant d’analyser comment dans la deuxième ville de France, le centre-ville, étrangement livré à l’abandon et qui a connu bien des drames, devient l’objet de bien des convoitises. Après les années de « négligence » de l’ancienne équipe municipale, la nouvelle équipe élue à la suite du Printemps marseillais se retrouve devant un chantier énorme. Il décrit ainsi la fin du navire « Gaudin » : « Chacun cherche à se défaire des cadavres dans son placer, à enterrer les collusions avec certaines figures ou le tripatouillage dans les affaires gênantes. Mais, si les « rats quittent le navire », déclare un éphémère journal en novembre, les élus qui prennent leurs distances avec la majorité municipale restent en réalité bien rares, comparé à ceux, élus ou propriétaires qui seront mis en examen. »

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