Revenant sur les décennies passées, Patrick Forestier (ci-contre) montre bien comment la gestion de l’après Kadhafi a été une catastrophe et a permis aux groupes islamistes de se développer, de déstabiliser toute cette région africaine, fragilisant les régimes et permettant à la Russie de Poutine de s’afficher en « sauveurs », en échangeant les services de groupes militaires comme Wagner, aux méthodes les plus brutales, contre notamment des participations dans les riches mines de ces pays.
Dans cette volonté d’imposer un nouvel ordre mondial, l’Ukraine est aujourd’hui en première ligne et Forestier évoque les conséquences catastrophiques d’une éventuelle défaite du président Zelensky dans le conflit actuel. Il écrit : « L’Ouest continue de vivre sans se rendre pleinement compte de la menace russe alors même qu’il devrait se forger une résilience, et ses habitants acquérir une force morale indispensable en cas de conflit. » Avant d’ajouter : « (…) si l’Ukraine doit reculer ou capituler devant la Russie, ses voisins – la Pologne, les pays baltes, les pays du flanc est de l’Europe – réagiront. Ils s’impliqueront davantage face à une avancée russe. Jamais ils ne voudront revenir à la situation antérieure, sous la botte de l’Armée rouge. Ils pourraient entrer en guerre. Et nous avec. Car l’Union européenne serait sous la menace et la pression militaire du pouvoir de Moscou. »
Récit inquiétant à coup sûr, ce Poutine contre la France montre bien comment, avec le conflit ukrainien, le président russe a rallumé les braises de la Seconde Guerre mondiale. Et comment l’Europe ne peut pas revivre le syndrome de Munich avec les conséquences que l’on sait… Avec pour la France notamment, un dilemme : le pays ne peut fournir autant d’armement et de munitions nécessaires à l’Ukraine pour continuer cette guerre conventionnelle. En prime, le contexte au Proche-Orient est du pain béni aujourd’hui pour Poutine qui sait mettre à profit le chaos pour avancer ses pions dans la région…
(*) Le Cherche Midi
LE DIT DES MOTS 